« La politique du résultat » en matière de lutte contre l’insécurité a été, depuis 2002, l’axe-phare du ministre de l’Intérieur entretemps élu président de la République. De l’aveu général, cette politique poussée à l’extrême est devenue une « politique du chiffre » totalement contreproductive, les crimes et délits les plus graves ne cessant de progresser. Le ministère de l’Intérieur le reconnaît d’ailleurs lui-même lorsqu’il parle désormais de l’infléchir dans un sens plus « qualitatif ».
Mais cette inflexion peut-elle suffire ? Pour être efficace, la lutte contre l’insécurité doit disposer de moyens matériels et juridiques adaptés et être portée par une véritable volonté politique, capable de voir en face les problèmes à la racine et de les traiter. Or, si le gouvernement semble enfin disposé à en finir avec son discours permanent d’autosatisfaction fondée sur une lecture formelle des statistiques de l’insécurité, sa volonté de renverser la vapeur paraît très hypothétique, tant sa gestion du problème est à des années-lumière de ce qu’il faudrait admettre et faire pour vraiment rétablir l’ordre républicain en France.
Les moyens matériels ? Comment ignorer les effets catastrophiques du non remplacement d’un départ sur deux à la retraite dans la police et la gendarmerie, au titre de la Révision Générale des Politiques Publiques (RGPP), qui va se traduire dès 2010 par la suppression de plus de plusieurs centaines de postes ? Comment ignorer, aussi, le délabrement de nombre de commissariats, le vieillissement des véhicules, les heures supplémentaires jamais payées, etc. Sans oublier la paupérisation de la justice, qui explique la surpopulation carcérale et, pour une part, ses mauvaises performances dans la chaîne pénale ou ses défaillances dans le contrôle judiciaire. Cette politique de fausses économies, d’économies de court terme, coûte toujours plus cher au final, car lorsque vient l’heure de l’inévitable rattrapage la facture est beaucoup plus salée que l’économie initialement réalisée.
Les moyens juridiques ? On approche ici de la Bérézina : les lois de réforme pénitentiaire ont considérablement aggravé un certain laxisme judiciaire, qui fait de la France la championne du monde toutes catégories des remises et dispenses de peine. Et que penser de cette folie qui consiste à vouloir faire appliquer aveuglément un arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme, imposant la présence d’un avocat dès la première heure de garde à vue ? En se pliant aux oukases de Bruxelles, le gouvernement s’apprête à anéantir l’efficacité des enquêtes dans les affaires les plus graves (drogue, terrorisme, crimes de sang,…).
Enfin, la fermeté affichée par le gouvernement masque en réalité depuis très longtemps nombre d’incohérences et de contradictions, qui l’empêchent de vraiment obtenir le résultat qu’attendent les Français. A commencer par cette « politique du chiffre », dont le principal effet pervers est de traquer et punir à l’excès les tout petits délits commis par les honnêtes citoyens, au détriment de la lutte contre une délinquance réclamant plus de temps et produisant donc des statistiques moins rutilantes. D’autant, cela n’aura échappé à personne, que cette « politique du chiffre » rime fort bien avec cette espèce de politique de racket routier qui conduit à infliger de coûteuses amendes pour des dépassements de la vitesse autorisée d’un ou deux kilomètres / heure… Où est la fermeté de l’Etat lorsqu’il laisse se développer les zones de non-droit où prospèrent les trafics, lorsqu’il ferme les yeux sur l’absence de contrôles aux frontières, lorsqu’il laisse faire l’embauche des « sans-papiers » pour permettre à certaines entreprises d’écraser les salaires, etc. ?
A cette fausse fermeté, DLR oppose depuis longtemps des mesures simples et fortes : le rétablissement du contrôle aux frontières et la reconduction des clandestins, le durcissement de la loi contre le travail irrégulier, le doublement du budget de la justice afin que chaque peine d’emprisonnement soit exécutée dans le mois et que les prisons aient une capacité d’accueil adaptée, le recrutement des personnels en nombre suffisant pour les forces de sécurité publique, l’allocation de moyens décents pour la police et la gendarmerie, le rétablissement de la police de proximité, la suppression des lois et règlements laxistes comme celles sur les remises de peine, ou encore le maintien d’un système de gardes à vue efficace, n’en déplaise à Bruxelles…
Cette politique aurait certes un coût financier et nécessiterait un réel courage politique face à certains lobbies d’extrême-gauche ou à l’Union européenne. Mais je suis persuadé que les Français seraient dans leur grande majorité prêts à l’assumer. Tant il est vrai que la sécurité demeure la première et la plus sacrée de nos libertés…
NDA